Mai, le mois de nos congrès et assemblées, est aussi celui du retour des beaux jours. Cette année, résolument tournée vers le soleil, notre assemblée générale aura lieu au bord de la Méditerranée, à Toulon, entre rade et Mont Faron et nous remercions les bénévoles et militants de l’association départementale de nous recevoir dans leur beau département du Var. Nous savons tous les efforts que nécessite une telle organisation et nous leur en sommes très reconnaissants.

Chaque assemblée générale nous permet de réfléchir ensemble à l’avenir et comment le construire avec les valeurs qui nous fédèrent. Nous portons un héritage qui nous impose une exigence de fraternité, de bienveillance et d’écoute. Le respect de la personne humaine est notre premier objectif, que doivent souligner toutes les actions menées pour la mémoire et la transmission.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, après le génocide des Juifs et la terrible répression qui s’est abattue sur les peuples européens écrasés sous la férule nazie, nous voulions tous, nous déportés, reconstruire nos vies et réaliser un Monde de Paix et de Justice. La création de l’Organisation des Nations unies était le symbole de ce bel idéal et de cet immense élan.

Hélas, les conflits et les massacres en cours, au Congo, au Yémen, en Palestine ou en Ukraine, nous rappellent que le monde n’a pas connu une seule journée de Paix pendant ces 80 années écoulées.

Puisse cette assemblée générale nous redonner collectivement cette impulsion portée par le thème : Leurs voix ne s’éteindront pas, demeurons fidèles à leurs combats !

Cette année est d’ailleurs marquée par le 30e anniversaire du massacre des Tutsi au Rwanda. Un génocide atroce, qui nous a encore plus frappés, nous, les survivants de la Shoah. Plus près de nous se joue un drame terrible qui me rappelle chaque jour celui qui s’est déroulé, alors que je sortais tout juste de l’enfance, dans cet Est européen qui m’a vu naître. Je revis l’envahissement de la Pologne et les heures sombres des massacres dans les rues. Plus près encore, la barbarie des attentats du 7 octobre en Israël a réveillé douloureusement en nous les échos des massacres de juifs mais aussi provoqué des réactions d’une violence insoutenable envers les populations civiles au risque d’embraser tout le Proche-Orient dont la situation géopolitique est déjà si fragile.

Face à tous ces drames que l’actualité déroule sous nos yeux effarés, nous devons, encore et toujours, unis et solidaires, défendre et porter, sans relâche, la voix de la sagesse rapportée des camps et l’idée qu’un monde sans guerre, où tous pourraient vivre dans la fraternité et la prospérité, reste possible.

Créer les conditions d’un retour à la fraternité qui a sauvé tant d’entre nous dans les camps mais qui reste bâillonnée, ici parfois, terrassée souvent ailleurs, est une urgence. La jeunesse doit connaître les crimes dont nous avons été témoins, mais aussi le courage et la solidarité qui ont permis à certains d’entre nous de survivre et confondre nos bourreaux.

L’oubli est le meilleur allié des ennemis de la démocratie. Ne lui laissons aucun espace et portons ces voix sorties de l’enfer concentrationnaire qui parlent pour tant d’autres, muets à jamais, et proclament que la Paix est l’avenir de l’Homme.

Frania Haverland

Membre de la présidence collégiale

Ghettos de Tarnów et camps de Płaszów, Auschwitz-Birkenau, Flossenburg et Theresienstadt

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